Regrets Eternels



Un billet comme un monument aux billets morts. Dédié à tous ces billets tombés au champ d’honneur, partis dans l’anonymat sans avoir eu la visibilité escomptée. Qu’ils reposent en paix.


Nous sommes au regret de vous annoncer que le billet sur l’aube ne verra plus jamais le jour. Celui sur le crépuscule s’est malheureusement éteint la nuit dernière.

L’article sur la cathédrale Notre-Dame de Paris n’a pas fait long feu.

Feu le billet sur la cathédrale de Nantes.

Le billet du club des insomniaques a fini par trouver le repos éternel.

Le Manifeste pour la journée internationale du poisson rouge est tombé à l’eau. Son objectif d’instauration d’une journée de la mémoire a vite sombré dans l’oubli.

Le papier sur la réforme de l’économie capitaliste est passé par pertes et profits.

Des chrysanthèmes ont été déposées sur le charnier des (trop) nombreux billets ayant pris la crise en thème.

Le texte sur les qualités nutritives du kébab est mort au champ döner.

Le projet de loi sur la régulation de consommation des boissons sucrées pétillantes à fait pschitt. Une minute de recueillement sera organisée au pied de la tombe du soda inconnu. 

Le projet de confinement des poulets est mort dans l’œuf.

L’article présentant le véganisme mange désormais les pissenlits par la racine.

La chronique sur le tournant écologique du pays est partie rejoindre les verts pâturages. Ashes to ashes, dust to dust, les verts aux vers.

Le billet sur l’histoire des indiens d’Amérique est parti chasser sur le territoire de ses ancêtres.

Le pangolin et le monarque ont rejoint la longue liste des espèces en voie d’extinction.

La durée de vie du billet naturaliste sur l’éphémère n’a pas excédé 24 heures.

Le billet sur la tradition de la corrida a été mis à mort de façon théâtrale et cruelle.

L’édito sur les maladies pulmonaires virales vient de rendre son dernier souffle.

La rubrique nécrologique sur le Coronavirus de 2020 est décédée des suites d’une longue maladie.

Recension d’un fameux roman de Georges Pérec : Nous avons la tristesse de vous faire part de sa Disparition.

L’hommage à Marine le Pull a passé l’arme à gauche.

Le pamphlet contre la cigarette a cassé sa pipe plus tôt que prévu. Il a été incinéré selon ses vœux et ses cendres seront dispersées dans la nature. 

Suite à un problème technique, la retranscription du Discours du Monarque n’est plus disponible. Veuillez-nous en excuser.

Le programme du parti de la décroissance nous a quitté de mort naturelle.

La liste noire des cartels de l’agroalimentaire a été supprimée. Encore un coup des lobbys. 

La dénonciation des arrachages de membres lors des manifestations a été placée six pieds sous terre. Malgré une lutte d’arrache-pied, la main courante qui avait été déposée suite à cela est elle aussi partie les pieds devant.

On a ôté la vie du billet sur l’euthanasie. Celui sur l’avortement n’a eu qu’une existence très courte.

Le manifeste pour le retour de la peine de mort a été condamné à la peine capitale.

Le destin du billet vantant les mérites d’un retour aux 90 km/h sur les routes départementales a été tragiquement interrompu après une sortie de route fatale.

La Pétition de soutien à Philippe Poutou n’a pas recueilli un nombre de signature suffisant pour faire changer les choses.

Le billet intitulé « blagues à dormir debout » est mort dans son sommeil.

On a déposé une gerbe sur la tombe du remède miracle contre le mal de mer.

Après recompte des bulletins, l’article sur le candidat Kanye West n’a pas reçu un nombre de suffrage suffisant pour passer le deuxième tour.

L’article scientifique sur les risques de fin de vie prématurée du nourrisson est décédé de mort subite.

Le billet sur la pratique du cannibalisme a ravalé son bulletin de naissance. 

L’interview du fossoyeur des stars au Père Lachaise a été transportée boulevard des allongés.

La présentation du métier de thanatopracteur sera visible à la morgue seulement jusqu’à samedi. 

La série de variations autour de la carte électorale (1 & 2) n’a pas séduit les lecteurs. Devant ces échecs, la sortie du n°3 est définitivement annulée.

La chronique du luthier sur la conception des instruments à cordes a rendu l’âme. Sortez les violons.


 

Puisse ce billet trouver son public avant de rencontrer son créateur.

Zantrop (pas encore parti pour son dernier voyage)

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