Le Pangolin et le monarque



Françaises, Français,
Belges, Belges,
Confinés, Cons finis,
Cons finauds, Cons finement.
Mon Président, mon Pangolin, Monsieur l’avocat (s’il saute du pont, mort-est-il ?), 

Mesdames et Messieurs les jurés, Public chéri, mon amour.
Que ma rage soit décriée, ma fureur conspuée, et mon ire : honnie !



Que peut un simple pangolin face à un système économique mondialisé ? C’est cette question qui nous turlupine aujourd’hui, du verbe turlupiner, mot obscur et impropre dont le secret ne se trouve ni sous le sabot d’un cheval, ni dans la bouche de ma femme (et je me garderai bien d’en tirer une quelconque analogie entre la femme et le cheval, si j’étais vous ; Il ne faudrait pas vexer les éventuels chevaux qui nous lisent). Obscur, car il est formé d’un dérivé du mot « turlutte », cet équipement de pêche composé d’un leurre et d’une couronne d’hameçons, et de « pine », qui signifie piquant, pointu, et que l’on retrouve dans le mot pin’s par exemple. Une question qui nous turlupine est donc une question qui nous appâte, et qui pique notre curiosité. Et c’est bien le cas ici. 

Alors, que peut un simple pangolin face à un système économique mondialisé ? Rude question. Il faut dire que de nos jours elles sont légion, ces interrogations qui nous rendent chèvres. Et vous savez tout aussi bien que moi ce qu’on leur fait aux chèvres, dans la légion. 

Attention à ne pas confondre : j’ai bien dit pangolin. L’animal. Pas Ugolin, l’idiot du village de Pagnol, joué par Auteuil. On ne m’ôtera d’ailleurs pas de l’esprit que c’était une idée bien étrange de faire jouer ce rôle par un hippodrome. 

Le pangolin, donc, dont Pierre Desproges nous apprend qu’il « ressemble à un artichaut à l’envers prolongé d’une queue à la vue de laquelle on se prend à penser que le ridicule ne tue plus ». Allons-nous nous laisser ridiculiser à notre tour par un simple artichaut renversé, certes pauvre en lipide et cholestérol, mais riche en fibres et vitamine C, et si bon avec de la vinaigrette les soirs d’été? Non. 

Mais ne nous égarons pas ; ce n’est pas le pangolin que nous jugeons aujourd’hui : c’est un papillon. Le Monarque, plus exactement. On parle d’effet papillon lorsque le battement d’aile d’un papillon au Brésil déclenche une tornade au Texas. Ou que la consommation d’un rôti de pangolin sauce soja en Chine provoque une crise sanitaire et économique internationale. Pour parler en termes scientifiques, on appelle ça un gros bordel. 

En France, le Monarque (parfois écrit Monarc ou même Macron) règne sans pareil et papillonne à la tête du pays, en dilettante. Et laissez-moi vous dire que quand il s’agit de l’épithète amateur, j’aime autant qu’il se rapporte à une catégorie porno sur votre site internet préféré plutôt qu’au gouvernement dans son intégralité.

Car les faits sont accablants. Les mesures prises ces dernières semaines par le Monarque contre son ennemi le virus (couronné lui aussi) sont d’une logique aussi claire qu’une fusée d’ébène lancée dans un trou noir : Sanctionner les rassemblements dans la rue mais maintenir les élections municipales ; Déclarer le chômage partiel pour tous, mais inciter à continuer son activité en télétravail (dès fois que l’état ne paierait pas tout, c’est toujours ça de pris pour les patrons) ; Intensifier périodiquement le confinement sur tout le territoire, mais ces fainéants de salariés doivent retourner au travail le plus vite possible pour relancer la croissance ; Réduire les autorisations de sortie, multiplier les couvre-feux, mais tout va bien, ne paniquez pas : ce sont vos congés ! hahaha ! Le modèle économique actuel, malade du COVID-19, a été placé sous respiration artificielle : il faut absolument le sauver. Mais on s’inquiète d’abord et surtout pour votre santé, hein. Avec un tel double discours, c’est bien simple : ce n’est plus le Président Jupiter qui nous gouverne, c’est le Président Jupiler. 

Mais que fait la police pour lutter contre le COVID-19 ? Où sont passés les unités de CRS qui ont œuvré à maintenir l’ordre Républicain ces dernières années, les dizaines de flash-balls, les grenades (par centaines), et les tonfas (milliers) ? (D’ailleurs ça suffit, on ne se connait pas, cessez immédiatement de prendre ce tonfa millier avec moi. Merci).

D’abord, sachez que nous ne nous laisserons plus abuser par ces équipements malhonnêtes : car la lacrymo gêne, et la grenade de désencercle ment. Le tonfa par contre, est bien plus droit et honnête, puisque son apparence ne cache rien de ses nobles intentions : sa forme effilée lui permet aisément d’être rangé dans l’anneau à la ceinture d’un agent, ou dans l’anus sous la ceinture d’un récalcitrant. Ou d’un récal-citron si c’est du liquide vaisselle que vous verbalisez (Bien que l’utilité de mener une lutte hypoallergénique et dégraissante soit encore à démontrer). Nouveauté 2020 : le gouvernement de la start-up nation va encore plus loin dans votre intimité et vous propose le tonfa-thermomètre rectal, pour interpeller tout en détectant les malades. Ou comment joindre l’utile à l’agréable. Notez cependant qu’avant de songer à déposer une main courante, il faudra bien la laver. Pensez aux gestes barrières. 

En réalité, grâce à cette crise, pour la première fois des millions de français expérimentent une vraie alternative de vie. Jardiner tout en étant payé pour, bricoler, cuisiner, réparer, récupérer, s’occuper des enfants, faire une activité sportive, lire, penser, écrire, sont devenus des plaisirs et non plus des contraintes. La solidarité s’enclenche spontanément entre voisins et envers les plus défavorisés par les mesures gouvernementales. Les échanges et contacts s’intensifient au sein des familles, avec nos ainés démunis et esseulés, avec des cousins ou des amis éloignés. L’école à la maison nous prouve que nous n’avons pas besoin de l’Education Nationale pour formater les élèves. Le télétravail, que nous n’avons pas besoin de patrons. Et c’est ce qui fait peur au gouvernement. La vérité, c’est qu’il faut absolument sauver l’ancien système, pour empêcher de montrer que d’autres formes de vies alternatives sont possibles et meilleures. La propagande qui consiste à faire des personnels soignants des héros (ce qu’ils sont à n’en pas douter, mais forcés et contraints) et à les faire applaudir aux fenêtres tous les soirs ne sert qu’à détourner l’attention et à masquer la totale incompétence du gouvernement (et il n’y a bien qu’elle qui soit masquée), qui a sciemment organisé la démolition de l’hôpital pour des logiques purement économiques. Au lieu de ça, il serait autrement plus productif d’insulter le gouvernement à heure fixe par sa fenêtre tous les soirs. 

Pour finir, sachez que le Monarque s’attrape généralement avec un filet fait de de grosses ficelles, de fil à retordre et de liens solidaires à tisser, dont le peuple dispose en quantités non négligeables (J’ai moi-même plus d’une corde à Monarque); alors que le COVID-19 s’attrape en se serrant la main ou en s’embrassant. Pendant cette période de crise, prenons donc exemple sur nos amis les chiens qui se reniflent le cul pour se saluer (pas d’utilisation prolongée sans autorisation gouvernementale dûment signée). 

Pour paraphraser Pierre Desproges, je dirai simplement ceci : « Le gouvernement, mesdames et messieurs les jurés, est à la vie ce que le péage est aux autoroutes. Supprimons le péage, ça ne nous empêche pas de rouler. Supprimons le gouvernement, ça ne nous empêchera pas de vivre ». Donc le Monarque : coupable. Qu’on lui coupe les ailes.

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