LE DPID#23 : LE W

S’il y a bien un objet qui mérite sa place dans ce panthéon, c’est le W, ou je ne m’y connais pas. Le W est véritablement la quintessence du génie humain. Il confine au sublime.

 

Le W dans son plus simple appareil

Ainsi que sa prononciation le laisse entendre, le W n’est rien d’autre qu’un simple V double, c’est-à-dire une lettre de l’alphabet qui contient deux fois le V. Et deux fois levé, personnellement je trouve ça très louche, déjà qu’une seule fois par matin ça me gonfle, alors deux, faut même pas compter sur moi.

Cependant, l’avenir appartenant à ceux qui se lèvent tôt, qui plus est deux fois, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Ne pourrait-on pas imaginer un alphabet entièrement composé de doubles lettres ? Voire carrément triple ? Il y aurait par exemple le triple A (pour la finance), le WWW (pour la recherche sur internet), le XXX (pour la pornographie), ou Herbert Léonard (Pour le Plaisir). Mais j’arrête là car ce serait se comporter en triple buse (pour des prunes).

En comparaison, les anglais, qui ne font jamais rien comme tout le monde, le prononcent deubeuliou, ce qui, en bon français, signifie double U. Les idiots ! D’ailleurs, il y eut un fameux président américain, Georges W. Bush, qui était surnommé simplement Deubeuliou, ce qui permettait de mieux le distinguer de son père, Georges H.W.Bush. De qui il n’a finalement été, le lecteur en conviendra, qu’une pâle doubl’ure.

(Je dis « en bon français » car il faut distinguer le bon français du mauvais français. Le bon français dit non aux anglicismes qui nous envahissent. Le mauvais français s’exprime avec plein de morceaux de rosbif dans la Bush.)

Pour être complet, chez les Allemands, le W (qui, au passage, se prononce V …) représente le logo de la marque automobile Volkswagen, essentiellement connue pour le fameux scandale du « dieselgate », lié à l’emploi d’un logiciel permettant de tricher sur les émissions de gaz à effet de serre de leurs voitures. Le lecteur féru d’Histoire et à jour sur les années quarante ne s’étonnera guère d’apprendre cette nouvelle, car quand il est question de gaz, peut-on vraiment faire confiance à l’Allemagne ?

Dans l’alphabet français, le W sert uniquement à former des sons déjà existants par ailleurs, tels le son « v » ou le son « ou ». C’est dire s’il a bien mérité sa place dans ce Dictionnaire de l’Inutile et du Dispensable. Cependant, je ne vois pas ce qui pourrait bien empêcher le lecteur d’aller se commander un bon ouisky au vagon-bar du train si ça le chante. Aux chiottes l’orthographe.

D’ailleurs, en parlant de chiottes, le lecteur pris d’un besoin naturel retrouvera notamment le W dans les W.C., qui se prononcent habituellement « vécés », tout simplement.  De mémoire d’Homme, personne n’est jamais allé et n’ira jamais aux double-vécés. C’est une question d’intimité.

On retrouvera également le W dans le domaine de la chimie. De la même manière que l’oxygène s’écrit O, l’hydrogène H ou le carbone C, le W est le symbole du tungstène, élément dont la principale caractéristique est d’avoir la température de fusion la plus élevée pour du métal, à 3400°C. Ce qui le classe évidemment très loin devant les Metallica, Sepultura ou autres Manowar, qui bouillent à 100°C.

Plus étonnant, le W est parfois considéré comme un symbole de victoire. L’origine de cette tendance nous viendrait de Marie-José Pérec, qui dans son roman « W ou le souvenir d’enfance » n’hésite pas à mêler habilement récit autobiographique et idéal Olympique pour nous raconter la naissance d’un fameux geste sportif. C’était, souvenez-vous, lors de son fantastique doublé 200 m – 400 m aux Jeux Olympiques d’Atlanta, qu’elle inventa le célèbre double V de la victoire avec ses doigts.

Bernard-Henri Wikipédia, Plus Grand Philosophe du Vingt-et-unième siècle, et surnommé parfois Monsieur W., se fait un plaisir de nous rappeler que « le W majuscule est surtout le symbole de la puissance, mesurée en Watt ». Une note finale qui fera sans aucun doute plaisir aux lectrices ce dictionnaire, car je me suis laissé dire que c’est le Watt qu’elles préfèrent.

Si comme nous venons de le démontrer, le W est rigoureusement inutile, la lecture de cet article ne l’est pas moins. Que cela n’empêche pas cependant le lecteur d’aller voir quel sera l’objet de l’article suivant. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre W.

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