LE DPID #16 : LE PATIN DE PARQUET

Le patin de parquet dans son plus bel appareil - photo Fnac.com

 

S’il y a bien un objet qui mérite sa place dans ce panthéon, c’est le patin de parquet, ou je ne m’y connais pas. Le patin de parquet est véritablement la quintessence du génie humain. Il confine au sublime. 

à la lettre P du Petit Robert, bien coincé entre le Parquet et le Pied, le lecteur attentif trouvera aisément le patin de parquet. Chez ma grand-mère, pareil, à ceci près qu’il serait plus juste alors de remplacer attentif par voyeur. 

Le patin de parquet est appelé ainsi pour mieux le distinguer de ses illustres homonymes que sont le patin de carrelage, le patin de moquette ou encore le patin de linoléum. C’est dire si la précision n’est pas superflue : imaginez le casse-tête pour l’usager si l’on s’en tenait simplement au patin sans distinction aucune du type de sol. En cela, le patin n’est pas très éloigné de la plongée sous-marine, puisque dans un cas comme dans l’autre, il faudra bien remonter à la surface si on veut pouvoir s’en sortir. 

Le patin de parquet se caractérise essentiellement par sa platitude poussée à l’extrême : debout de profil, on aurait le plus grand mal du monde à le distinguer. C’est d’ailleurs le défaut majeur de son cousin le patin de lambris : combien, parmi les lecteurs acharnés de ce dictionnaire, peuvent se vanter d’en avoir déjà vu ? 

Saluons néanmoins au passage le tour de force de cet objet, qui réussit à trouver sa place dans un Dictionnaire qui, en temps normal, ne s’abaisserait pas à de telles platitudes. 

S’il s’écrase, se ratatine et s’aplatit complètement sous son usager, c’est tout simplement parce qu’il ressent un énorme poids sur la conscience, et qu’il se croit coupable. Ainsi se condamnet-il lui-même à subir une peine plancher à perpétuité. Le lecteur cultivé ne s’étonnera guère d’apprendre que l’application d’une telle sanction est soumise à l’approbation des magistrats du parquet. 

Malgré cela, le rôle du patin est essentiel. En vaillant petit soldat, Il protègera le parquet de tout ce que l’utilisateur ramènera sous ses chaussures et qui pourrait l’esquinter : gravillons, éclats de plastique ou de verre, morceaux de bois, dents de politiciens ambitieux, disques de musique celtique. Car je vous le dis en méloparquétomane averti, en plus de maltraiter les mi, les fa et les do, le biniou et la bombarde abîment également les sols cirés en profondeur. 

(Je dis « méloparquétomane » parce que je maîtrise aussi bien le plancher en laminé que la sonate en la mineur. J’ajoute « averti » parce que c’est Francis Cabrel qui me l’a dit : « Quelque chose vient de tomber / sur les lames de ton plancher ».) 

Le problème pourrait être résolu une bonne fois pour toutes, le lecteur honnête en conviendra, si les parquets étaient réalisés de la mousse dont on fait les patins. Malheureusement il se trouverait inévitablement un individu du bois dont on fait les imbéciles pour inventer un patin spécial pour parquet de mousse. Bien souvent, l’Histoire patine. 

Enfin, comme l’ajoute fort justement Bernard-Henri Wikipédia, plus grand philosophe du vingt-et-unième siècle, « On parlera également de se rouler un patin dans le cadre d’un baiser avec la langue ». Je connais personnellement de nombreux individus qui ne parviennent d’ailleurs à prendre leur pied que s’il y a un patin au préalable. C’est ce qui s’appelle avoir des rapports bien protégés. 

Si comme nous venons de le démontrer, le patin de parquet est rigoureusement inutile, la lecture de cet article ne l’est pas moins. Que cela n’empêche pas le lecteur d’aller voir quel sera l’objet de l’article suivant. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre P.

 Retrouvez les autres articles du DPID en cliquant ICI

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'École Nationale Supérieure du Trou

L'Année de Jupiter : l'intégrale à télécharger en PDF

Le Barrageux Comedy Club s'exporte sur scène !