LE DPID #10 : LE JEU DE SOCIETE

 

Image par Rudy and Peter Skitterians de Pixabay

 S’il y a bien un objet qui mérite sa place dans ce panthéon, c’est le Jeu de société, ou je ne m’y connais pas. Le Jeu de société est véritablement la quintessence du génie humain. Il confine au sublime. 

Le Jeu de société est un jeu, comme son nom le laisse entendre, qui se pratique entre amis, comme son nom ne le laisse pas entendre. Afficher un tel manque de transparence d’entrée de jeu, je vous le dis honnêtement, ce n’est vraiment pas du jeu. 

Mais d’abord, qu’est-ce qu’un jeu ? Le jeu est une activité mentale au cours de laquelle les participants doivent faire preuve d’oisiveté et d’improductivité dans le but de se procurer amusement et plaisir. Contrairement à ce que cette définition pourrait laisser croire, le chômage n’est pas reconnu comme jeu de société. 

Au passage, et bien qu’on y parle souvent de société et de chômage, la politique n’est pas une forme de Jeu de société non plus. Même si lors de soirées électorales, certains politiciens n’hésitent pas à aller de plateau en plateau, prennent les français pour des pions ou font le jeu du Front National. 

D’accord, mais qu’est-ce qu’un ami ? Là je vous arrête tout de suite : si vous ne savez même pas ce qu’est un ami, est-ce bien la peine de venir me faire perdre mon précieux temps ? Moi même qui n’en connais aucun, je peux vous dire que je ne vais pas tarder à me foutre en l’air. Je demanderai donc à tous les lecteurs non-concernés par ce problème de bien vouloir sauter ce paragraphe, et aux autres de sauter par la fenêtre. Merci. 

Le Jeu de société est absolument partout. C’est bien simple : du Jeu de société à la société du jeu, il n’y a qu’un pas que nous franchirons directement sans passer par la case départ. Une enquête rapide nous permettrait à coup sûr de retrouver des jeux de société chez tous les lecteurs de ce Dictionnaire. Chez Liliane Bettencourt, une enquête plus poussée permettrait même de découvrir tout un jeu de sociétés dans les îles Caïmans. L’Oréal : Parce que le jeu le vaut bien. 

Le jeu de société est excluant. Il se pratique uniquement de 7 à 77 ans, soit exactement sur la même amplitude que la maladie d’amour dans le cœur des enfants. Il existe d’ailleurs un jeu de société homologué dans lequel les participants jouent à s’échanger des maladies d’amour, plus connu sous le nom de partouze. 

L’espérance de vie ayant fortement augmenté ces derniers temps, il serait souhaitable soit de repousser cette limite au-delà de 77 ans pour que nos chers anciens puissent profiter de la belote, du rami ou de leurs Triominos en toute légalité, soit d’inscrire directement l’euthanasie au catalogue Ravensburger, c’est plus sûr. 

D’autre part, le jeu de société impose à ses participants une obligation de s’amuser. Quiconque n’y prend pas de plaisir se voit aussitôt taxé de mauvais joueur. Pour ceux-là, le Jeu de société se rapproche plutôt de son cousin le jeu de satiété, qui a tendance à gaver les gens. 

Le summum du raffinement est atteint avec le jeu « ludo-éducatif », du nom de Ludovic Adibou, éminent professeur de cassecouillologie. Ne doutons pas qu’il sera bientôt supplanté par le jeu « amuso-plaisant-instructo-marrant-intellectuello-apprenant-mais-en-silence », pour enfant sourds-doués. 

Bernard-Henri Wikipédia, Plus Grand Philosophe du vingt-et-unième siècle, nous précise enfin que « certains individus de triste réputation pratiquent le jeu de mots comme un jeu de société, en associant des termes qui n’ont a priori rien à voir entre eux dans un but généralement humoristique ». En cela, espérons que cet article aura su tirer son épingle du jeu, même si le jeu n’en vaut vraiment pas la chandelle. 

Si comme nous venons de le démontrer, le Jeu de société est rigoureusement inutile, la lecture de cet article ne l’est pas moins. Que cela n’empêche pas le lecteur d’aller voir quel sera l’objet de l’article suivant. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre J.

 

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