LE DPID #9 : INTERNET

 

Internet dans son plus simple appareil - Image par Simon de Pixabay

S’il y a bien un objet qui mérite sa place dans ce panthéon, c’est Internet, ou je ne m’y connais pas. Internet est véritablement la quintessence du génie humain. Il confine au sublime.

Paradoxe : il n’existe pas d’autre moyen pour définir proprement ce qu’est Internet que d’aller chercher sur Internet.

Longtemps d’ailleurs Internet s’est appelé Interflou, puisque personne n’était en mesure de dire précisément à quoi cela servait. Aujourd’hui, le doute n’est plus permis, et il est couramment admis qu’Internet sert principalement à aller sur Internet. Ce qui nous avance bien.

Internet est réputé pour être le royaume de la réalité virtuelle (c’est un oxymore). Mais il aurait tout aussi bien pu être le royaume de la virtualité réelle (c’est un autre oxymore), pour ce que ça me chante. Cependant, je doute que de telles considérations stylistiques intéressent le lecteur bien au chaud dans sa petite chambre sous les toits (c’est un comble).

En réalité, la véritable utilité d’Internet se trouve dans sa faculté à délivrer des réponses à nos inquiétudes existentielles les plus insurmontables, à nos angoisses métaphysiques, à nos incertitudes coupables et douloureuses, et sans lesquelles nous ne pourrions plus continuer à vivre. Entre autres : Faut-il laver le dessous des assiettes quand on fait la vaisselle ? Comment faire disparaitre le cadavre de ma belle-mère ? Doit-on prendre ses Chocapic dans du lait froid ou dans du lait chaud ? Parce que bon, dans le lait froid la Chocapic restera ferme et croquante, c’est sûr, mais dans le lait chaud le chocolat se diffusera beaucoup plus vite aussi, hein. Oh, incertitude.

En cela, Internet est une nouvelle religion, et Google est son Dieu. Seulement, les connexions avec le Seigneur peuvent parfois être capricieuses malgré nos prières. J’en parlais l’autre jour avec mon fournisseur d’accès, monsieur le curé Orange, qui m’a répondu, sans rire, après 45 minutes de confession par téléphone : « Avez-vous bien allumé la box ? ».

Dans une moindre mesure, Internet permet également de réaliser et de promouvoir des accomplissements personnels enrichissants et valorisants tels que le planking, le Harlem Shake, l’Ice Bucket Challenge, le Mannequin Challenge, le bottle flip challenge, le Dab, …etc., qui sont autant d’actions à caractère caritatif et humanitaire. D’ailleurs, la règle générale veut que sur Internet, 1 like = 1 prière pour un enfant du Sahel. Merci d'avance pour eux de liker ce texte à fond.   

De la même manière que le cosmonaute explore le cosmos, l’océanaute les océans, et le Jean-pierre-pernaute le vide abyssal, les adeptes d’internet sont appelés les internautes. Le lecteur reconnaitra aisément le suffixe « –naute », terme que l’on doit à Shakespeare, premier vainqueur de la Transat Jacques Vabre sur son monocoque Hamlet : « To be or naute to be ».

Aujourd’hui encore, il n’est pas rare de retrouver les traces d’un nautisme profond chez la plupart de ses usagers. D’ailleurs, lorsque l’utilisateur veut « surfer » sur internet, il fait appel à un « navigateur », et bien souvent il se plaint que c’est l’ordinateur qui « rame ». Il cherchera par tous les moyens à éviter de se faire « pirater », et saura qu’Internet n’est que la partie émergé de l’« Iceberg », qui cache dans ses abysses le mystérieux Deep Web. Le lecteur en mal de reconnaissance facile et rapide gardera cela à l’esprit s’il veut éviter de se faire mener en bateau la prochaine fois qu’on lui promettra de devenir une « vedette » de l’Internet. 

D’autant que Bernard-Henri Wikipédia, Plus Grand Philosophe du vingt-et-unième siècle, et figure notoire d’internet, nous rappelle qu’« Internet regorge de virus en tout genre, qui sont propagés par des pirates aux intentions parfois douteuses». Que voulez-vous : l’hacker a ses raisons que la raison ne connaît pas. 

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Si comme nous venons de le démontrer, Internet est rigoureusement inutile, la lecture de cet article ne l’est pas moins. Que cela n’empêche pas le lecteur d’aller voir quel sera l’objet de l’article suivant. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre I. 

 

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