LE DPID#4 : Le Dictionnaire pornographique de l'inutile et du dispensable

Image par PDPics de Pixabay

S’il y a bien un objet qui mérite sa place dans ce panthéon, c’est le Dictionnaire Pornographique de l’Inutile et du Dispensable, ou je ne m’y connais pas. Le Dictionnaire Pornographique de l’Inutile et du Dispensable est véritablement la quintessence du génie humain. Il confine au sublime.

Le Dictionnaire Pornographique de l’Inutile et du Dispensable est appelé ainsi car c’est un dictionnaire, à caractère, disons, plutôt pornographique, qui recense des entrées tout à fait inutiles, et pour le moins dispensables. On ne peut donc pas dire qu’il y ait tromperie sur la marchandise, contrairement à ses concurrents les plus directs : essayez un peu de voir une paire de roberts dans le Petit Robert, de faire tenir le Larousse de poche dans votre gousset, ou de vivre le grand amour avec un Dictionnaire Amoureux.

N’y aurait-il pas comme une forme d’escroquerie intellectuelle à vouloir qualifier de Dictionnaire un ouvrage qui finalement ne comporte qu’une seule entrée par lettre de l’alphabet ? Clairement, oui. Si les connaissances proprement ahurissantes de l’auteur (c’est moi) en font plutôt une sorte d’encyclopédie de l’inutile, le nombre très limité d’entrées le rétrograde immédiatement au rang de simple abécédaire pour enfants débutant la lecture (c’est vous). Cela n’empêchera pas le lecteur d’y trouver matière à se régaler, mais toujours avec modération. Car en matière de dictionnaire, il en va comme de la gastronomie : pas plus d’une entrée à la fois, sinon c’est l’indigestion.

Mais pourquoi pornographique ? Simplement pour le côté haut en couleurs et obscène des entrées, qui mettront nécessairement le lecteur dans une position délicate, inconfortable, et surtout malaisante, et de leurs définitions, qui lui apporteront satisfaction, plaisir et jouissance à nuls autres pareils. Attention : j’ai écrit malaisante, pas malfaisante. Entre une situation malaisante et une situation malfaisante, il n’y a que la lettre F, dont le lecteur appréciera mieux le caractère nauséabond et toxique quelques articles plus loin. 

L’inutile et le dispensable, pourquoi ? Depuis la nuit des temps, l’être humain n’a cessé de repousser les limites de la connaissance et d’améliorer son confort quotidien par de géniales inventions qui ont bouleversé son rapport à l’environnement qui l’entoure. Du percuteur en silex au moteur à explosion, de la roue à l’imprimante 3D, de la centrale nucléaire au cure-dents, en passant par la fusée lunaire ou le stérilet à cuivre, on ne saurait toutes les citer tant la liste est longue et en perpétuelle expansion. Ce qui constitue déjà en soi un exploit formidable dont on ne compte plus les célébrations.

Mais là où l’Homme a su – véritablement – blimer son génie, du verbe blimer dont la définition ne se trouvera pas dans le présent ouvrage, mais plus probablement dans un Bled paumé (l’ouvrage de grammaire, pas le village natal), c’est qu’il a poussé son talent jusqu’à produire également des inventions purement et strictement dispensables.

Loin d’être des échecs dans le processus d’invention ou même des erreurs de conception, au-delà de l’Œuvre d’Art ou du gadget décoratif, et bien plus que de simples outils ergonomiques à défaut d’être esthétiques, ces petits bijoux de technologie sont le fruit d’intenses réflexions, de longs débats, et d’une éternelle remise en question du sens de la vie, plus une once de hasard. En un mot comme en cent, ils sont la preuve tangible et irréfutable de la grandeur de l’Homme.

Pourtant, ces trésors de l’humanité sont devenus tellement familiers qu’il arrive bien trop souvent que nous passions devant sans même nous en rendre compte, comme s’ils avaient toujours été là, et c’est un lieu commun (pollachius pollachius en latin et en Méditerranée) que de le dire. Et c’est bien dommage, car il suffit de prendre le temps et la manière de les observer pour qu’immédiatement ils retrouvent leur splendeur immuable. Le Dictionnaire Pornographique de l’Inutile et du Dispensable a donc pour vocation de rendre hommage à ces créations merveilleuses tombées dans l’oubli, et à les montrer sous un jour nouveau pour les faire redécouvrir.

D’ailleurs, comme le signale Bernard-Henri Wikipédia, Plus Grand Philosophe du Vingt-et-unième siècle, « le Dictionnaire Pornographique de l’Inutile et du Dispensable est parfois appelé par son diminutif le DiPInuDis, et ses afficionados, les dipinudistes ». Comme son nom l’indique, la glorieuse discipline du dipinudisme consistera donc à mettre à nu ces objets, pour les faire paraitre dans leur plus simple appareil.

Si, comme nous venons de le démontrer, le Dictionnaire Pornographique de l'Inutile et du Dispensable est rigoureusement inutile, la lecture de cet article ne l'est pas moins. Que ce la n'empêche pas le lecteur d'aller voir quel sera l'objet de l'article suivant. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre D.

 




Pour lire le précédent article du dictionnaire : le Chiotte à la turc


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