le DPID #1 : l'Attrape-mouches

L'Attrape-mouches dans son plus simple appareil
(Image par Wolfgang van de Rydt de Pixabay)

S’il y a bien un objet qui mérite sa place dans ce panthéon, c’est l’attrape-mouches, ou je ne m’y connais pas. L’attrape-mouches est véritablement la quintessence du génie humain. Il confine au sublime. 

L’attrape-mouches est appelé ainsi car il relève autant du domaine des farces-et-attrapes que de la stratégie de l’amanite tue-mouches. D’où son nom d’« attrape-mouches ». Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’appellation « amanite-farceuse », également du domaine des possibles, n’a pas retenu l’attention de son inventeur.

L’attrape-mouche n’est rien d’autre qu’un simple piège du type attrape-couillon, mais pour la mouche, pas pour le couillon. Il n’y a strictement rien d’autre à en dire.

L’attrape-mouches, par contre, s’il est lui aussi un véritable attrape-couillon quasiment identique au précédent, est beaucoup plus intéressant, en ceci qu’il fait montre, par ce simple « S » final surnuméraire, d’un degré d’espérance et d’une volonté de succès infiniment supérieurs qui l’ont très tôt rendu beaucoup plus populaire que l’autre, jusqu’à l’éclipser totalement. Ceci dit, aucune étude scientifique digne de ce nom n’a encore démontré qu’un attrape-mouches était plus efficace qu’un attrape-mouche. Tout est dans l’intention.

L’attrape-mouches traditionnel se présente généralement sous la forme d’un « machin » gluant, puant les phéromones et gavé de produits toxiques, pendu au plafond et que l’on observe se moucheter progressivement (Toute ressemblance avec le rapport d’autopsie de mon adolescent suicidaire étant purement fortuite). Il est d’usage courant de coller une première mouche morte sur le ruban afin d’en accentuer la puissance attractive. De la même manière, on n’hésitera pas à coller une mouche sur sa femme afin d’en augmenter le pouvoir érotique. 

L’installation de l’attrape-mouches relève du plus haut degré de technicité possible ; elle requiert un entraînement rigoureux et une discipline militaire si l’on veut s’éviter de sérieux problèmes de doigts collés du type « paradoxe du bout de Scotch ». La plupart du temps, l’exaspération est telle que l’installateur prend la mouche avant même que l’attrape-mouches ne soit installé. Redoutable efficacité. 

En contrepartie de cette efficacité, l’attrape-mouches présente un inconvénient majeur : le bruit assourdissant qu’il génère à chacune de ses utilisations. Lorsqu’il fonctionne à plein régime en effet, on n’entend plus les mouches voler. 

Mais pourquoi s’acharner à ce point et déployer autant d’ingéniosité pour tenter de capturer ces pauvres mouches ? N’y aurait-il pas là comme une forme d’acte vain et désespéré, relevant moins d’une volonté de réduction d’une nuisance somme toute assez faible, que de la pratique romantico-sadique trop méconnue de l’enculage de mouches ?

Romantique, car l’enculeur de mouches aime à relater ses histoires d’amour dans des romans à l’eau d’rose. On dit alors qu’il est drosophile. Sadique, parce qu’il n’hésitera pas à arracher les membres inférieurs de ses compagnes pour alimenter son écriture en pattes de mouches.

Selon Bernard-Henri Wikipédia, Plus Grand Philosophe du Vingt-et-unième siècle, et enculeur de mouche notoire, « des calques pseudo-savants sont également plaisamment utilisées comme diptérophile ou sodomiseur de diptères ». Car la mouche est un diptère : elle a bien deux (di) paires d’ailes (ptères). On retrouve par exemple le préfixe « di » avec une majuscule dans Lady Di, Sa Majesté des Mouches. En cherchant bien dans Lady Di, on pourra également y retrouver le filtre à huile, la bobine d’allumage et les bougies de la Mercedes.

Si comme nous venons de le démontrer, l’attrape-mouches est rigoureusement inutile, la lecture de cet article ne l’est pas moins. Que cela n’empêche pas le lecteur d’aller voir quel sera l’objet de l’article suivant. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre A.