LE DPID #11 : LE KLEENEX

Le Kleenex dans son plus simple appareil -
Image par Hans Braxmeier de Pixabay

 

 

S’il y a bien un objet qui mérite sa place dans ce panthéon, c’est le Kleenex, ou je ne m’y connais pas. Le Kleenex est véritablement la quintessence du génie humain. Il confine au sublime. 

Le Kleenex est une antonomase dans laquelle il est permis et même recommandé de se moucher. 

Que le lecteur trop hâtif dans ses conclusions n’en déduise pas forcément qu’antonomase est synonyme de mouchoir : l’antonomase est une figure de style par laquelle un nom propre devient un nom commun, alors que le mouchoir est un morceau de papier par lequel un nez commun devient un nez propre. 

Le Kleenex ne serait donc qu’un vulgaire mouchoir en papier. 

Mais allons plus loin : qu’est-ce qu’un mouchoir ? Étymologiquement, le lecteur avec un peu de pratique repérera rapidement le mot « choir », qui signifie tomber, et le terme « mou », préfixe employé pour indiquer la position sous le nez (cf. : la moustache). Littéralement, le Kleenex a donc trait à tout ce qui vous tombe sous le nez. 

Reconnaissez-le : le Kleenex est un objet qui, jusqu’à maintenant, vous est tout simplement passé sous le nez. Sans quoi vous ne seriez pas en train de lire cet article. Je me doute bien que vous avez autre chose de bien plus intéressant à faire à la place. A cet égard, je signale donc aux lecteurs qui souhaiteraient abandonner ici la lecture et retourner à leur partie de Scrabble que le mot Kleenex rapporte vingt-cinq points, hors bonus éventuels. Ça peut servir. 

Allons encore plus loin : qu’est-ce que le papier ? Comment, c’est vous qui me demandez ça ? Et d’abord, on peut voir les vôtres avant de continuer ? Merci. 

Le papier s’obtient très facilement à partir de fibres de cellulose dans une papeterie, et un peu moins facilement à base de fibre humanitaire dans une manifestation pour la régularisation des étrangers. Précisons que sous l’action d’enzymes exogènes, il se décompose en sucres simples facilement assimilables, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, si vous voyez ce que je veux dire. 

Allons encore encore plus loin. De l’autre côté de la Manche, le Kleenex se dit tout simplement « tissue ». On reconnait bien là toute la perfidie de l’anglais. Au risque d’aller trop loin, ajoutons que de ce côté-ci de sa manche, le lecteur français tombera quant à lui sur un os, le coude, avec lequel il n’est évidemment pas question de se moucher. 

Notez enfin que le Kleenex est généralement peu utilisé par les seniors, qui éprouvent quelques difficultés à faire un nœud à leur mouchoir avec ce type de produit. à l’inverse, il sera très prisé par l’adolescent en pleine puberté, qui trouvera une large satisfaction à faire un mouchoir à son nœud. On parle parfois de tire-jus. 

Comme le précise Bernard-Henri Wikipédia, Plus Grand Philosophe du vingt-et-unième siècle, « son caractère jetable a conduit à forger l’expression de génération Kleenex, qui désigne le manque d’engagement à long terme menant à des relations de couple de courte durée ». Que le lecteur qui viendrait lui aussi de se faire jeter comme un vulgaire Kleenex n’hésite pas à arracher cette page de cellulose de son dictionnaire, et à s’en servir pour éponger son malheur. 

Si comme nous venons de le démontrer, le Kleenex est rigoureusement inutile, la lecture de cet article ne l’est pas moins. Que cela n’empêche pas le lecteur d’aller voir quel sera l’objet de l’article suivant. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre K.

 

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