LE DPID #8 : LA HUCHE A PAIN

 

La Huche à pain dans son plus simple appareil (cachée au second plan). Image par Philippe Ramakers de Pixabay 


 

S’il y a bien un objet qui mérite sa place dans ce panthéon, c’est la huche à pain, ou je ne m’y connais pas. La huche à pain est véritablement la quintessence du génie humain. Elle confine au sublime.

Contrairement à ce que son nom terriblement exotique et son aspect éminemment mystérieux pourraient laisser croire, la huche à pain n’est rien d’autre en définitive qu’une simple huche, contenant, devinez-quoi : du pain.

En ce sens, la huche à pain est admirable, car elle ne trahira jamais l’usager sur ses intentions et restera d’une transparence exemplaire jusqu’à la fin de son existence. Le lecteur du XXIe siècle, moderne et intrépide, en mal d’étonnement et amateur de sensations fortes, lui préférera nettement le bien-nommé « pain-surprise », sorte de huche à pain inversée dans laquelle le contenu se fait contenant pour mieux dissimuler des myriades de petits trésors, lui apportant ainsi sa dose quotidienne d’inconnu et son lot d’incertitudes. 

La huche traditionnelle se présente sous la forme d’un simple coffret de bois vertical, de la taille d’un cercueil pour enfant manchot de trois ans, trois ans et demi, muni d’un couvercle de type « abattant de WC ». L’usager non accoutumé la distinguera cependant relativement aisément des toilettes par l’absence de lunette, au singulier. Au pluriel, la distinction sera plus délicate, surtout pour le presbyte.

Là où le presbyte erre, le curé n’est pas loin. La huche tiendrait vraisemblablement son origine du célèbre religieux français Jacques Huche, orateur exceptionnel, prêcheur magnifique et bavard invétéré, répondant au doux surnom de « père Huche ». Missionnaire en Inde, il avait pour habitude de collecter le pain dans un grand coffret de bois, pour ensuite le redistribuer aux nécessiteux à dos d’éléphant, comme en atteste le fameux témoignage populaire : Un éléphant / qui se baladait / tout doucement / dans la forêt / il portait sur son dos / un petit perroquet / qui s'appelait Jacquot / et qui buvait du lait. Le lait étant évidemment une allusion à la recette du pain perdu. Si aujourd’hui tout le monde a oublié le père Huche, Emile Zola lui rendît un vibrant hommage quand, le 13 janvier 1898, il publia son fameux « Jacques Huche… ! » dans le journal L'Horreur, pour rappeler aux français l’importance de pratiquer « la politique de l’autre Huche ». 

Les huches à pain sont en général d’une facture assez sobre, d’un naturel austère et terne. S’il est vrai que la fantaisie n’est pas leur caractéristique première, on notera cependant une exception, quand chaque année au mois de décembre, les enfants s’emparent de guirlandes pour procéder à la décoration d’huches à pain de noël. 

Si sa forme nous est désormais familière, son fond reste toutefois plus surprenant. Comme le note Bernard-Henri Wikipédia, plus grand philosophe du vingt-et-unième siècle, « Dans le fond des vieilles huches, on trouve souvent une épaisseur notable de miettes stratifiées avec le temps ». De nos jours on ne trouvera plus la huche que chez quelques rares esthètes incompris ou artistes maudits, et notamment les peintres, lesquels n’hésiteront pas à s’en servir pour y remiser leurs vieilles croutes. 

Si comme nous venons de le démontrer, la huche à pain est rigoureusement inutile, la lecture de cet article ne l’est pas moins. Que cela n’empêche pas le lecteur d’aller voir quel sera l’objet de l’article suivant. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre H.

 

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